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05 mai 2025
NIMBY : pas dans mon arrière-cour, pas dans mon jardin !
Bénéficiant d’une certaine couverture médiatique, NIMBY apparaissait ces dernières décennies à l’occasion de projets d’envergure plutôt nationale ou interrégionale : infrastructures autoroutières ou routières, lignes à grande vitesse, centres d’enfouissement de déchets, aéroports, etc.

NIMBY : Not In My Backyard !
TR : Pas dans mon arrière-cour, pas dans mon jardin !
Acronyme issu de la langue de Shakespeare (francisé en « nimbiste ») et désignant l’opposant à un projet local dont il craint de subir les nuisances. Aux sources de son inquiétude : cadre de vie et protection du patrimoine.
Mais NIMBY s’invite désormais sur toute sorte de projets, petits dossiers locaux inclus. Certains secteurs d’activités sont plus concernés que d’autres, c’est sûr : la gestion des déchets, l’élevage, les installations de production d’énergie renouvelable... Mais en fonction du contexte local et de la sensibilité des milieux physiques et humains, NIMBY revient de plus en plus souvent : il ne s’agit plus d’une stricte problématique de nuisances environnementales mais d’un syndrome qui prend aujourd’hui ses racines dans le sentiment des populations d’être méprisées, flouées, négligées, prises pour des masses de « moutons » ignorants.
Il y a, nous le voyons, un vrai problème de fond autour de l’acceptabilité sociale des projets. Les accidents industriels de ces trente dernières années, tout d’abord, n’ont rien arrangé (AZF, Fukushima, Lubrizol). L’inconstance de la parole politique sur certains sujets sensibles, en second lieu, alimente une informe et constante théorie du complot qui associe les porteurs de projets aux services de l’Etat (PFAS, scandale des eaux minérales filtrées…). Les médias et réseaux sociaux, chaudrons des angoisses, deviennent le carburant du système, avec des arguments parfois très éloignés de la science.
En pareille ambiance, réindustrialiser notre pays ne sera pas sans poser difficulté, pas moins que de mettre en place les équipements de gestion des déchets que nécessite l’application de la Loi relative à l’économie circulaire (Anti Gaspillage & Economie Circulaire : AGEC). En bref : comment évoluer dans une ambiance sociale aussi dégradée ?
À l’échelle de notre cabinet, et dans la mesure où nous tentons chaque jour de placer l’humain au centre de notre travail et des dossiers que nous traitons, nous mesurons les dégâts que ce contexte provoque chez les porteurs de projets, les services de l’Etat, les riverains, etc. C’est sûr, nous n’avons pas fini d’entendre parler de NIMBY.
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Texte : V. Defeuillas
Dessin : E. Hennequin